Août à Maldoror
Le chef-d’œuvre « Les chants de Maldoror » par le comte de Lautréamont (Isidore Ducasse) est l’inspiration derrière certains des dessins les plus horribles de Salvador Dalí et d’autres artistes. Le mot Maldoror signifie probablement « Mal d’horreurs » et le livre est paradoxalement mal traduit dans n’importe quelle autre langue. Le critique britannique Alex De Jonge écrit même : « Lautréamont oblige ses lecteurs à ne plus tenir son monde pour acquis. Il brise l’acceptation complaisante de la réalité offerte par ses traditions culturelles et leur fait voir cette réalité pour ce qu’elle est : un cauchemar d’autant plus irréel, effrayant que le dormeur se croit éveillé. »
Comme personne n’a encore déchiffré Maldoror et puisque nous sommes en août, je me concentrerai uniquement sur l’utilisation du mot « auguste » qui est utilisé exactement neuf fois dans le livre (le temps qu’un bébé passe dans le ventre de sa mère). Auguste vient du latin augustus, qui signifie « consacré » ou « vénérable ». En 8 avant JC, le Sénat romain change le nom du mois de Sextilis en Auguste et fait passer mars du premier mois de l’année au troisième, Auguste devenant ainsi le huitième. Au milieu des années 1600, le mois d’août apparaît en anglais. De nos jours, nous visons Mars comme point de départ de notre destin et je me demande donc : l’auteur est-il né 400 ans avant l’heure, avons-nous au moins 400 ans de retard dans la compréhension de son écriture ou tout simplement rien n’a changé.
Veuillez trouver ci-dessous les extraits autour de l’utilisation d’auguste à des fins d’illustration. Si vous savez par hasard pourquoi auguste est utilisé comme il a été utilisé, commentez. Merci et bonne lecture !
*** EXTRAITS ***
Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu’il lit […] Écoute bien ce que je te dis : dirige tes talons en arrière et non en avant, comme les yeux d’un fils qui se détourne respectueusement de la contemplation auguste de la face maternelle […] précurseur de la tempête. […] Le bois est devenu auguste comme une tombe, par la présence nocturne de l’hermaphrodite infortuné. Ô voyageur égaré, […] Écarte-toi de plusieurs pas, et tu agiras mieux ainsi. […] C’est pour cela que, dans chaque pays, existent des dieux divers […] les chaînes de leur esclavage, tous les peuples s’agenouillent ensemble sur le parvis auguste, devant le piédestal de l’idole informe et sanguinaire. Le peuple qui n’obéirait pas […] disparaîtrait tôt ou tard de la terre, comme la feuille d’automne, anéanti par la vengeance du dieu inexorable. […] En effet, quoi de plus solide que les trois qualités principales déjà nommées qui s’élèvent, entrelacées comme une couronne unique, sur le sommet auguste de votre architecture colossale ? […] et d’explorations scientifiques, dans vos superbes domaines. Ô mathématiques saintes, puissiez-vous, par votre commerce perpétuel, consoler le reste de mes jours de la méchanceté de l’homme et de l’injustice du Grand-Tout ! […] Je veux croire que celles-ci sont inconscientes (quoiqu’elles n’en renferment pas moins leur venin fatal), et que le mal et le bien, unis ensemble, se répandent en bonds impétueux de ta royale poitrine gangrenée, comme le torrent du rocher, par le charme secret d’une force aveugle ; mais, rien ne m’en fournit la preuve. J’ai vu, trop souvent, tes dents immondes claquer de rage, et ton auguste face, recouverte de la mousse des temps, rougir, comme un charbon ardent, à cause de quelque futilité microscopique que les hommes avaient commise, pour pouvoir m’arrêter, plus longtemps, devant le poteau indicateur de cette hypothèse bonasse. […] L’homme, qui passait, s’arrêta devant le Créateur méconnu ; et, aux applaudissements du morpion et de la vipère, fienta, pendant trois jours, sur son visage auguste ! Malheur à l’homme, à cause de cette injure ; car, il n’a pas respecté l’ennemi, étendu dans le mélange de boue, de sang et de vin ; sans défense, et presque inanimé !… […] Il s’est abaissé jusqu’à laisser approcher, de sa face auguste, des joues méprisables par leur impudence habituelle, flétries dans leur sève. Il ne rougissait pas, mais, moi, je rougissais pour lui. […] Comme un cœur qui cesse d’aimer, elle a vu sa vie éteinte. Mais, bientôt, la nouvelle du phénomène se répand dans les autres couches de la population, et un silence morne plane sur l’auguste capitale. Où sont-ils passés, les becs de gaz ? Que sont-elles devenues, les vendeuses d’amour ? Rien… la solitude et l’obscurité ! […] Une caravane de pèlerins était en marche pour visiter cet endroit, désormais consacré par une mort auguste. Il espérait l’atteindre, pour lui demander des secours pressants contre la trame qui se préparait, et dont il avait eu connaissance. Vous verrez quelques lignes plus loin, à l’aide de mon silence glacial, qu’il n’arriva pas à temps, pour leur raconter ce que lui avait rapporté un chiffonnier, caché derrière l’échafaudage voisin d’une maison en construction, le jour où le pont du Carrousel, encore empreint de l’humide rosée de la nuit, aperçut avec horreur l’horizon de sa pensée s’élargir confusément en cercles concentriques, à l’apparition matinale du rythmique pétrissage d’un sac icosaèdre, contre son parapet calcaire !
Comments 2
August 25, 2021 at 8:35 am
? J'aimerais avoir les millions pour vous embaucher ! Je vous ai envoyé une demande de connexion. S'il-vous-plaît acceptez !
August 27, 2021 at 3:35 pm
Je viens d'accepter. Merci de m'avoir tendu la main ! ☺